Endeavour Vision’s Co-Founder and Managing Partner, Bernard Vogel, spoke to the Swiss news publication, AGEFI, to share his insights on the impact of COVID-19 on Swiss start-ups, the medtech sector and the firm’s investment strategy. Scroll down for the English translation.

Published in AGEFI on 20 April, 2020.

Pour les fonds d’investissement, l’heure est au sauvetage, pas à la prospection. Malgré une année 2019 forte, où les investissements en capital-risque ont dépassé pour la première fois les 2 milliards de francs, les retombées économiques de la pandémie affectent les investissements en 2020.Comme le montre le rapport Swiss Venture Insights, alors que les investissements dans les startup suisses au cours des trois premiers mois de 2019 se sont élevés à 658,7 millions de francs, les fonds collectés au cours de la même période en 2020 s’élèvent «seulement» à 254 millions de francs suisses. Cette baisse s’explique par le fait que les fonds d’investissement en capital-risque passent en mode défensif.

Endeavour Vision est un capital-risqueur genevois parmi les leaders européens spécialisés dans les technologies médicales (medtech). L’entreprise avait par exemple levé un fonds de 250 millions en 2016, soit à l’époque le plus gros fonds européen dédié au medtech. Entretien sur l’impact de la crise avec l’associé-directeur et co-fondateur Bernard Vogel.

Chez les fonds d’investissement, l’heure semble être au sauvetage, pas à la prospection. Comment votre stratégie d’investissement a-t-elle changé à cause du coronavirus et à la menace d’une éventuelle récession sévère?

Endeavour est actif dans le secteur médical et investit en particulier dans les technologies médicales (medtech) et le digital health, deux secteurs au centre de la crise que nous vivons partout dans le monde. À court terme, nous observons un ralentissement des activités pour la plupart des sociétés dans ce secteur, les hôpitaux se concentrant sur le COVID-19. Mais à moyen terme le secteur devrait rebondir pour s’occuper des patients dont les traitements ont été retardés. Nous nous attendons à ce que nos investissements restent stables, même en cas de récession sévère. Certains secteurs de la santé vont subir une plus forte croissance qu’avant la crise, par exemple la télémédecine ou les diagnostics et nous allons évidemment intégrer ces changements dans notre stratégie d’investissement.

Comment limitez-vous le risque?

Pour les sociétés en portefeuille, notre approche a été de travailler avec elles dès début mars pour protéger les employés, réduire les coûts, protéger les liquidités et concentrer les efforts des équipes sur les nouvelles priorités. La plupart de nos sociétés travaillent avec des hôpitaux ou des médecins pour developer leurs produits ou organiser des formations sur ceux-ci. Pendant la crise, l’accès aux centres médicaux est malheureusement fortement réduit. En revanche, nous en profitons pour accélérer la R&D et ressortir plus fort après la crise. Pour les nouveaux investissements, nous travaillons systématiquement avec des syndicats d’investisseurs plus larges pour pouvoir financer les sociétés jusqu’à leur indépendance financière sans compter sur l’arrivée d’autres investisseurs en cours de route. Les montants investis seront réduits et les réserves d’investissements augmentées significativement. Cette stratégie nous permettra aussi de faire un plus grand nombre d’investissements afin de diversifier advantage le profil de risque.

Confrontés à la crise économique provoquée par le Covid-19, les fonds de capital-risque de la Silicon Valley n’ont plus qu’un mot à la bouche: ventilation du portefeuille. Est-ce le cas pour vous également?

Il est clair qu’un certain nombre d’investisseurs devront faire des choix difficiles. Ayant traversé plusieurs grandes crises économiques depuis plus de 20 ans, Endeavour a une politique très prudente sur la construction du portefeuille et sur l’allocation des réserves d’investissement pour nos sociétés. Grâce à cette politique, nous avons suffisamment de fonds pour soutenir toutes nos sociétés et faire de nouveaux investissements.

Comment tentez-vous de limiter la casse dans votre portefeuille ? Comment décidez-vous quelles start-up aider en priorité dans votre portefeuille face à la crise?

C’est heureusement une question qui ne se pose pas pour nous. Toutes nos sociétés en portefeuille ont adapté leurs coûts d’exploitation et ont suffisamment de visibilité financière pour passer sereinement la crise.

D’après le rapport Swiss Venture Insights, au premier trimestre 2020, les investissements dans les start-up suissesont diminué de 400 millions de francs par rapport au premier trimester 2019. Qu’en est-il de vos activités?

Il est clair qu’en général les investissements dans les start-ups vont baisser, mais il faudra plusieurs trimestres pour vraiment comprendre la gravité de la situation. De notre côté, c’est plutôt l’inverse – les besoins en financement de projets de qualités dans les sciences de la vie sont très forts et les opportunités sont séduisantes. Nous travaillons actuellement sur plusieurs dossiers très intéressants dans le contexte actuel, qui devraient aboutir ce trimestre.

Doit-on s’attendre à ce que le marché du capital risque soit déprimé pendant une année après la fin de la crise actuelle? Autrement dit, y a-t-il un risque que les futures licornes suisses soient décimées par la pandémie du coronavirus ?

Les start-ups doivent s’adapter rapidement à la crise, car effectivement les investissements vont se réduire. De plus, l’économie va changer et les pays vont revoir leur priorité et besoin. Les changements importants qui vont suivre cette crise vont certainement créer de nouveaux besoins et de nouvelles opportunités et je suis sûr que des entrepreneurs créatifs vont les saisir.


Translation of original article

For investment funds, it’s time for rescue, not prospecting. Despite a strong year in 2019, when for the first time, investment venture capital exceeded 2 billion francs, the economic fall-out of the pandemic will impact investment in 2020. As the Swiss Venture Insights report shows, investments in Swiss start-up companies in the first three months of 2019 amounted to 658.7 million francs, but during the same period in 2020, the funds raised only amounted to 254 million Francs. This decline demonstrates that venture capital investment is moving into a “defensive mode.”

Endeavour Vision is a Geneva-based venture capital firm and among leading European companies specialising in medical technology (medtech). The company raised a fund of 250 million in 2016, which, at the time, was the largest European fund dedicated to medtech. We interviewed Managing Partner and co-Founder Bernard Vogel to discuss the impact of the crisis.

In investment funds, the time seems to be for rescue, not prospecting. How has your investment strategy changed because of coronavirus and the threat of a possible severe recession?

Endeavour is active in the medical sector and invests in medtech and digital health, two sectors at the centre of the crisis we are experiencing all over the world. In the short term, we are seeing a slowdown in activity for most companies in this sector, with hospitals focusing on COVID-19. But in the medium term the sector should rebound to care for patients whose treatments have been delayed. We expect our investments to remain stable, even in the event of a severe recession. Some sectors of health will experience stronger growth than before the crisis, such as telemedicine or diagnostics, and we will obviously be incorporating these sectors into our investment strategy.

How do you limit the risk?

For portfolio companies, our approach has been to work with them from early March to protect employees, reduce costs, protect liquidity and focus team efforts on new priorities. Most of our companies work with hospitals or doctors to develop or organize training on their products. During the crisis, access to medical centres was unfortunately greatly reduced. On the other hand, we are taking the opportunity to accelerate research and development and come out stronger after the crisis. For new investments, we systematically work with larger investor syndicates to to finance companies until they are financially independent without relying on the arrival of new investors along the way. The amounts invested will be reduced and the investment reserves will be significantly increased. This strategy will also allow us to make more investments in order to diversify the risk profile.

Faced with the economic crisis caused by the COVID-19, Silicon Valley’s venture capital funds have only one word: portfolio breakdown. Is this the case for you as well?

It is clear that a number of investors will have to make difficult choices. Having experienced several economic crises over 20 years, Endeavour has a very prudent policy on building the portfolio and allocating investment reserves for our companies. Through this policy, we have enough funds to support all our companies and make new investments.

How do you try to limit the breakage in your wallet? How do you decide which start-ups to help in your portfolio in the face of the crisis?

Fortunately, this is a question that does not arise for us. All of our portfolio companies have adjusted their operating costs and have sufficient financial visibility to get through the crisis.

According to the Swiss Venture Insights report, in the first quarter of 2020, investment in Swiss start-ups decreased by 400 million francs compared to the first trimester of 2019. What about your activities?

It is clear that investments in start-ups will generally decline, but it will take several quarters to really understand the seriousness of the situation. For our part, it is quite the opposite – the need to finance quality projects in the life sciences is very strong and the opportunities are attractive. We are currently working on a number of very interesting issues in the current context, which are expected to be completed this quarter.

Is the venture capital market expected to be impacted for one year after the end of the current crisis? In other words, is there a risk that future Swiss unicorns will be decimated by the coronavirus pandemic?

Start-ups must adapt quickly to the crisis, because investment will actually be reduced. In addition, the economy will change and countries will review their priorities and needs. The significant changes that will follow this crisis will certainly create new needs and new opportunities and I am sure that creative entrepreneurs will seize them.